Comprendre le risque de faillite bancaire en 2025
La faillite bancaire demeure un risque faible mais réel, même dans des pays à la régulation financière stricte comme la France. Les crises de 2008, puis les tensions bancaires récurrentes en Europe et aux États-Unis, ont rappelé que même les grandes banques peuvent se retrouver en difficulté. En 2025, dans un contexte de taux d’intérêt encore élevés, d’inflation résiduelle et de pression sur certains secteurs économiques, beaucoup d’épargnants se demandent comment protéger efficacement leur argent.
Pour sécuriser son épargne, deux leviers principaux existent : les dispositifs de protection prévus par la loi (garanties légales) et les bonnes pratiques de diversification. Comprendre le fonctionnement du Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR), ainsi que les plafonds de protection, est aujourd’hui indispensable pour gérer son patrimoine avec sérénité.
Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) : le socle de la protection
En France, la principale protection en cas de faillite bancaire est assurée par le FGDR. Créé en 1999, ce mécanisme intervient lorsque l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) constate qu’un établissement bancaire n’est plus en mesure de rendre les fonds à ses clients.
Le FGDR couvre les dépôts réalisés dans les établissements de crédit et certaines entreprises d’investissement agréées en France. Il s’applique aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises, associations ou collectivités, sous réserve du respect de certains critères.
Quels comptes et produits sont garantis jusqu’à 100 000 € ?
Le principal repère pour les épargnants est le seuil de 100 000 € par client et par établissement bancaire. Ce plafond s’applique à la somme de plusieurs types de comptes détenus dans la même banque.
Les produits couverts par la garantie des dépôts sont notamment :
- Comptes courants (comptes à vue, comptes de dépôt)
- Comptes sur livret bancaires (hors livrets réglementés spécifiques)
- Comptes à terme et dépôts à terme
- CEL (Compte Épargne Logement) et PEL (Plan Épargne Logement) bancaires
- Comptes-titres espèces (la partie « cash » associée à un compte-titres ou un PEA, pas les titres eux-mêmes)
Le plafond de 100 000 € est apprécié par titulaire et par établissement. Si vous détenez plusieurs comptes dans la même banque, on additionne les soldes pour vérifier si le total est inférieur ou supérieur à 100 000 €.
Les exceptions : livrets réglementés, comptes joints et cas particuliers
Certaines formes d’épargne bénéficient d’une protection spécifique, souvent méconnue des épargnants, qui se cumule avec la garantie standard.
Les principaux cas à connaître :
- Livret A, LDDS (Livret de Développement Durable et Solidaire), LEP (Livret d’Épargne Populaire) : ces livrets réglementés sont garantis à 100 % par l’État français, sans plafond global de 100 000 € par banque. Le risque de perte en capital est donc, en pratique, extrêmement faible.
- Comptes joints : un compte joint bénéficie d’un plafond de 100 000 € par co-titulaire dans la même banque. Un couple marié ou pacsé peut ainsi être couvert jusqu’à 200 000 € sur un compte joint dans un seul établissement, en plus d’éventuels comptes individuels.
- Situations exceptionnelles de la vie : en cas de vente d’un bien immobilier, d’indemnisation (assurance, dommages corporels, licenciement, etc.) ou de succession, un plafond majoré jusqu’à 500 000 € peut s’appliquer temporairement (en général pendant 3 mois). Cette protection renforcée est prévue pour laisser le temps de repositionner les fonds.
Pour bénéficier de ces cas particuliers, il est souvent nécessaire d’apporter des justificatifs (acte de vente, attestation d’indemnisation, etc.) au FGDR ou à la banque concernée.
La garantie des titres (actions, obligations, OPCVM) : un mécanisme distinct
Les placements en actions, obligations, ETF, OPCVM et autres instruments financiers ne sont pas couverts par la même garantie que les dépôts. Ils font l’objet d’une autre protection : la garantie des titres, toujours gérée par le FGDR, mais avec un plafond spécifique.
Ce qu’il faut savoir :
- Les titres (actions, obligations, parts de fonds) sont en principe conservés sur un compte séparé de celui de la banque. En cas de faillite, ils restent votre propriété et peuvent être transférés chez un autre intermédiaire.
- La garantie des titres intervient seulement si l’établissement est dans l’incapacité de restituer les titres ou d’indemniser le client. Le plafond est de 70 000 € par personne et par établissement.
- La garantie porte sur la restitution des instruments financiers, pas sur la valeur de marché des titres. Une baisse de cours liée à la volatilité des marchés n’est pas prise en charge.
Il est important de distinguer le risque de marché (forte baisse des actifs financiers) du risque de défaut du prestataire (banque ou courtier en faillite). Les garanties légales couvrent uniquement le second.
Que se passe-t-il concrètement en cas de faillite bancaire ?
En pratique, lorsqu’une banque fait faillite en France, le processus est encadré par les autorités de supervision (ACPR, Banque de France, BCE pour les grandes banques de la zone euro). Plusieurs scénarios sont possibles :
- Transfert des comptes et des dépôts vers un autre établissement, avec continuité de service pour les clients
- Résolution bancaire : réorganisation de la banque, recapitalisation, bail-in (participation de certains créanciers), sans disparition brutale de l’établissement
- Déclenchement du FGDR : indemnisation directe des déposants pour les sommes couvertes, dans un délai légal cible de quelques jours ouvrables
Depuis la mise en place de l’Union bancaire européenne et des règles de « bail-in », les dépôts des particuliers jusqu’à 100 000 € sont explicitement protégés et ne peuvent pas être utilisés pour absorber les pertes avant cette limite.
Comment répartir son épargne pour rester sous les plafonds de garantie ?
La première bonne pratique pour se protéger d’une faillite bancaire est de répartir son épargne sur plusieurs établissements. L’objectif est de limiter, autant que possible, les montants dépassant les 100 000 € par banque.
Quelques pistes de diversification :
- Éviter de laisser des montants très importants sur un seul compte courant ; privilégier le transfert d’excédents vers d’autres banques si nécessaire.
- Utiliser plusieurs banques : une banque historique pour le compte principal, une ou deux banques en ligne ou néobanques pour des comptes secondaires.
- Profiter des livrets réglementés garantis par l’État (Livret A, LDDS, LEP) dans différents établissements lorsque c’est possible, en respectant le plafond par livret.
- Ouvrir, pour les couples, un compte joint dans une banque et des comptes individuels dans une autre, afin de multiplier les plafonds de garantie.
En 2025, de nombreux épargnants conservent encore des sommes importantes sur des comptes à vue faiblement rémunérés. Dans un contexte de taux réels plus attractifs sur certains produits de placement, la question n’est plus seulement la protection du capital, mais aussi l’optimisation de la rémunération tout en restant dans le cadre sécurisé des garanties légales.
Assurance vie, PER, SCPI : sont-ils protégés en cas de faillite ?
Les produits de long terme comme l’assurance vie ou le Plan d’Épargne Retraite (PER) sont souvent logés auprès de compagnies d’assurance et non directement auprès des banques. Ils relèvent donc d’un autre dispositif : le Fonds de Garantie des Assurances de Personnes (FGAP).
Les grandes lignes à retenir :
- En cas de faillite d’un assureur, les contrats d’assurance vie, de capitalisation ou de retraite individuelle sont couverts jusqu’à un plafond global de 70 000 € par personne et par compagnie d’assurance.
- Ce plafond se cumule avec celui de 100 000 € du FGDR, puisqu’il s’agit d’un mécanisme distinct.
- La protection vise principalement les situations extrêmes de défaillance d’un assureur, qui restent rares en France au regard du cadre prudentiel (Solvabilité II, contrôle de l’ACPR).
Pour les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) ou d’autres fonds immobiliers, le risque principal est davantage la baisse de valeur des actifs que la faillite de la société de gestion. Ces véhicules ne sont pas couverts par le FGDR ; votre protection repose alors sur la qualité de la gestion, la diversification des actifs immobiliers et la solidité du gestionnaire.
Les bonnes pratiques pour sécuriser son épargne en 2025
Au-delà des garanties légales, quelques réflexes simples permettent de réduire encore le risque lié à une faillite bancaire.
- Mettre à jour régulièrement sa cartographie bancaire : lister l’ensemble de ses comptes, livrets, contrats d’assurance vie, PEA, PER, avec les montants et les établissements concernés.
- Vérifier la répartition par établissement : identifier les banques où le seuil de 100 000 € est dépassé et envisager des transferts progressifs.
- Diversifier les intermédiaires : combiner banque traditionnelle, banque en ligne, courtier pour les titres, compagnie d’assurance pour l’assurance vie.
- Privilégier des acteurs régulés en France ou dans l’UE : vérifier que la banque ou le courtier est bien agréé par l’ACPR ou son équivalent européen, afin de bénéficier des systèmes de garantie nationaux.
- Limiter l’épargne « dormante » : adapter le niveau de liquidités sur comptes courants et livrets aux besoins de court terme (fonds d’urgence, projets à moins de 2 ans) et investir le surplus sur des supports adaptés au profil de risque.
En filigrane, l’idée est de ne pas mettre « tous ses œufs dans le même panier » bancaire, tout en évitant une dispersion excessive qui rendrait le suivi du patrimoine plus complexe.
Épargne de précaution, investissements et sérénité face aux faillites bancaires
La protection de son épargne face aux faillites bancaires ne se résume pas à une stratégie de peur ou de méfiance généralisée. Il s’agit plutôt d’intégrer, dans sa gestion de patrimoine, les règles du jeu fixées par le droit bancaire et les mécanismes de garantie.
En 2025, un ménage peut raisonnablement viser l’équilibre suivant :
- Une épargne de précaution équivalente à 3 à 6 mois de dépenses sur des supports liquides et 100 % sécurisés (compte courant, livret A, LDDS, LEP), répartie entre un ou deux établissements bancaires.
- Des dépôts complémentaires (projets à moyen terme) répartis sur plusieurs banques pour rester au plus près des plafonds de 100 000 € par établissement.
- Des investissements de long terme (assurance vie, PER, PEA, compte-titres) orientés vers la diversification des actifs (fonds, ETF, actions, immobilier indirect), logés auprès d’intermédiaires solides et régulés.
La combinaison des garanties légales (FGDR, FGAP, garantie de l’État sur les livrets réglementés) et de quelques règles de bon sens permet de réduire considérablement l’impact potentiel d’une faillite bancaire sur le patrimoine d’un particulier.
La vigilance reste cependant de mise : suivre l’actualité financière, vérifier régulièrement la solidité des établissements avec lesquels on travaille, et ajuster sa stratégie d’allocation d’actifs en fonction de son profil de risque et de l’évolution du cadre réglementaire. En comprenant comment fonctionnent les filets de sécurité publics, l’épargnant reprend le contrôle sur la protection de son capital, même dans un environnement financier en mutation rapide.
